La relation professeur–élève

Être curieux, avoir besoin de savoir, d’explorer, poser des questions, trouver des réponses, être guidé, d’une part. Besoin d’éveiller la curiosité, de partager des connaissances et des savoir-faire d’autre part.

Les relations humaines sont au cœur de tous les échanges que nous entreprenons et cela peu importe leur nature. Sans surprise, il va de soi que la communication est le fondement de toute relation. La parole écrite ou parlée est nuancée par bien d’éléments qui l’accompagnent : le ton, le langage corporel, l’habillement, le regard, le lieu, le moment où la communication se déroule contribuent ou non à établir le dialogue.

Dans la relation professeur-élève, le dialogue revêt une importance capitale, si le professeur ne réussit pas à établir un lien de communication efficace avec son élève c’est un monologue qui se produit. Le message émis n’aura pas de récepteur. Il ne peut y avoir d’apprentissage si le professeur ne répond pas aux besoins des étudiants. Au mieux il y aura mémorisation, répétition des informations pour « réussir » un examen. Au pire, au début c’est un dialogue qui se transforme en une recherche de pouvoir exercé sous diverses formes selon le contexte et l’âge de chacun.

Une relation professeur-élève saine et efficace se base sur la confiance mutuelle. Confiance qui se construit par le dialogue, émis souvent sans paroles par l’étudiant, compris et adressé avec empathie et respect par le professeur. Pour l’élève en situation d’apprentissage, il y a toujours une part de vulnérabilité. C’est pourquoi le professeur aura une écoute active tout au long de sa tâche d’enseignement, c’est là sa responsabilité fondamentale.

De plus, il est essentiel que la situation d’autorité générée par la nature de cette relation, ne mène jamais aux comportements abusifs, inappropriés et indésirables. Dans le cas de l’apprentissage du yoga, il y a, en plus, la dimension corporelle c’est-à-dire toute la vulnérabilité du corps qui s’expose, outil principal par lequel l’apprentissage se vit. L’intimité du corps dans un travail physique exigeant et précis où postures et habillements peuvent devenir gênants ou être perçus comme déplacés.
Mais le Yoga touche bien d’autres aspects fondamentaux de la vie d’une personne, le Yoga, approche holistique visant à conquérir sa liberté de pensée, de parole et d’action, agit à plusieurs niveaux. Outre l’écoute et l’observation de soi, les pratiquants du yoga essayent d’établir un dialogue interne. Dialogue organique et sans mots qui se révèle à travers Asanas, Pranayamas, Mudras et autres techniques qu’on apprend auprès d’un enseignant. Que l’enseignant devrait faciliter et non les entraver.

Quel que soit le domaine ou le niveau, la relation professeur/élève fait émerger et interagir un éventail de qualités et de forces autant que de faiblesses et de défauts de chacun. Une démarche honnête évitera l’indifférence, la répulsion, l’animosité, le mensonge, la manipulation, l’abus de toute sorte et l’égarement. Au contraire, cette démarche devrait permettre la recherche conjointe et active de la vérité, l’éveil de l’esprit critique et du discernement, mettre en place une capacité d’analyse et dans le cas spécifique du yoga, elle devrait favoriser l’éveil de la conscience corporelle et des mécanismes des émotions et de la pensée, et enfin, conduire vers un cheminement spirituel.
Comme disait ma mère : « être professeur est une vocation. Une passion qui nous propulse, nous pousse à transmettre, elle ne peut pas s’apprendre cette passion », toutefois il est incontournable pour tout professeur d’acquérir une formation rigoureuse, d’appliquer des méthodes pédagogiques efficaces et de suivre l’éthique professionnelle.

Rocio Judith Machorro
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